André Gide, est un auteur du XXe siècle et précurseur du Nouveau Roman. Entre une éducation stricte, et une solitude difficile ; entre amour féminines et masculines ; entre relations platonique et adultère ; il eut une vie compliquée. De plus, Gide est un auteur en perpétuelle quête de liberté, qui se reflétait dans ses œuvres. En 1919, il commence à écrire Les Faux Monnayeurs et en parallèle Le journal des Faux Monnayeurs. Il publiera son roman en 1925, puis son journal en 1927. Dans son œuvre, Gide reflète la société de son temps qu’il voit d’un mauvais œil en abordant différentes thématiques tabous. En utilisant différents thèmes, nous allons nous demander comment le mal est symboliquement représenté dans les œuvres. Tout d’abord, nous verrons que les personnages entretiennent des relations complexes ; ensuite, nous marquerons la présence divine ; et enfin, nous montrerons que la mort est omniprésente dans les œuvres.
Tout au long du récit, on remarque que Gide fait intervenir plusieurs personnages avec leurs propres histoires, qui se mêlent les unes aux autres.
Tout d’abord, on peut remarquer la présence de relations adultères dans la plupart des familles. Dès le début de l’œuvre nous assistons à la découverte d’une relation adultérine, entre la mère de Bernard et un inconnu dont celui-ci est l’enfant. Bernard est donc un enfant illégitime. Puis, nous découvrons la relation qu’entretiennent Vincent et Laura. Alors que celle-ci vient tout juste de se marier, elle tombe enceinte non pas de son mari, mais de Vincent. Cet enfant est donc lui aussi un enfant illégitime. Plus tard, dans l’œuvre, on apprend que dans la famille Molinier, le père trompe la mère, et malgré les efforts de ce dernier pour le cacher, celle-ci l’apprend, mais décide de ne rien faire à son encontre, car elle préfère protéger ses enfants et les préserver. Elle va donc garder cela secret.
Mais il n’y a pas que des relations adultérines dans ce récit. Les relations incestueuses sont, apparemment, aussi les bienvenues. Nous allons voir cela, avec le « couple » Edouard et Olivier, qui sont officiellement, oncle et neveu. Mais il n’y a pas que cette relation incestueuse qui choque les lecteurs, c’est aussi la relation homosexuelle qu’ils ont. Et que ce soit à l’époque de Gide ou à la nôtre, l’homosexualité n’est pas appréciée de tous.
Ces relations annoncent alors un mal apparent, qui se confirme avec plusieurs éléments.
Dans un premier temps, on remarque que Gide a joué avec le nom de ses personnages pour annoncer le malheur des familles.
On a d’abord la famille Profitendieu: en décomposant le nom (profit/en/Dieu), on voit que Gide a voulu nous montrer que malgré le fait que cette famille soit croyante, elle ne respecte pas les principes de la religion (adultère de la mère). De plus, on remarque que sur les quatre enfants de la famille, seul Bernard a un prénom commençant par la lettre B, alors que les autres ont un prénom commençant par la lettre C (Charles, Cécile, Caloub), ce qui annonce l’illégitimité de Bernard.
D’autre part nous avons le personnage de Passavant, dont le nom révèle son égocentrisme.
Enfin, nous avons Lilian Griffith, son prénom nous rappelle le nom du démon de la luxure « Lilith ».
Dans un second temps, on remarque par la suite la présence de cinq des 7 péchés capitaux (qui sont la luxure, la gourmandise, la paresse, l’envie, la colère, l’avarice et l’orgueil). Nos personnages principaux n’ont donc pas été épargnés.
D’abord, nous avons Passavant, qui représente à la fois l’orgueil, car il est vaniteux, il ne se gêne pas pour se vanter de ses mérites, en particulier face à Edouard son rival ; et la luxure, car celui-ci séduit « tout ce qui bouge », que ce soit homme ou femme, on le voit lorsqu’il est à un banquet, il ne se gêne pas pour séduire Sarah (qui est encore très jeune) ou encore avec Olivier lorsque tous deux partent en voyage ensemble.
Ensuite, nous avons Vincent qui, lui, représente à la fois la luxure, à cause de ses relations avec Laura et Lilian ; la colère, car il tue Lilian.
Ce qui nous ramène à Lilian, qui représente surtout la luxure, à cause de ses adultères, d’ailleurs elle n’en a pas honte et l’assume pleinement (sachant qu’à l’époque, le fait qu’une femme trompe son mari était très mal vu et pouvait lui porter préjudice toute sa vie).
Puis, nous avons de nouveau la luxure avec le père d’Olivier, qui trompe sa femme Pauline.
Ensuite nous avons Olivier, qui désigne l’envie, car il est jaloux de Bernard, qui a pu passer des nuits avec Edouard, qui est l’élu de son cœur.
Enfin, nous avons le jeune groupe de trafiquants, qui représente l’Orgueil, ils se croient plus malins qu’autrui et tout leur est permis, on le voit quand ils achètent quelque chose avec de la fausse monnaie et qu’ils s’en vantent, ou encore lorsqu’ils poussent Boris au suicide.
D’autre part ces représentations des péchés capitaux, nous rappelle alors les 10 commandements inscrit dans la Bible :
-
-
un seul Dieu tu aimeras
-
Son Saint nom tu respecteras
-
le jour du seigneur tu respecteras
-
Tu honorera tes aïeux
-
Tu ne tueras point
-
Tu ne commettras point d’adultère
-
Tu ne voleras point
-
Tu ne commettras point de médisance (mensonge)
-
Tu resteras pur en pensée
-
Tu ne convoiteras pas
-
On remarque alors que plusieurs des commandements de Dieu ne sont pas respectés. D’abord, nous assistons à deux meurtres, celui de Lilian tué par Vincent et celui de Boris tué indirectement par le jeune groupe de trafiquants, qui l’ont obligé à se tirer une balle dans la tête. Ensuite, nous avons les adultères, cités plus haut. Puis nous assistons à plusieurs vols ou tentatives de vols, par exemple dans une librairie lorsque George tente de voler un livre mais Edouard le voit et il abandonne. D’autre part, on remarque la présence de mensonges, le plus souvent liés aux adultères, par exemple Laura ment à sa famille et ment au début à son mari, sur la raison pour laquelle elle n’est pas encore rentrée de voyage ; mais nous avons aussi Olivier qui ment à sa mère sur son retour à Paris après son voyage avec Passavant.
Cependant le mal est aussi apparent avec l’omniprésence de la mort.
Tout d’abord, on remarque que certains des personnages ont conscience de la finitude. La finitude est le caractère fini, limité, mortel de l’être humain, dont il a conscience. En somme, ces personnages ont pris conscience qu’il ne sont pas éternels, et que la mort peut frapper à tout moment. Les seuls personnages à en avoir conscience (ou qui le montrent le plus) sont Lilian et La Pérouse. Ce dernier est à la fin de sa vie (d’une part à cause de la vieillesse naturelle de l’homme, mais d’une autre part à cause d’une maladie dont on ne connaît pas le nom) et va parler implicitement de sa mort à Edouard. Du côté de Lilian, on voit les symboles de la mort, par le naufrage de la Bourgogne (un bateau de croisière dans lequel elle se trouvait, et où elle a même sauvé une petite fille), ce qui fait qu’elle va prendre conscience que la vie est courte, et c’est pour cela qu’elle va en profiter un maximum.
De plus, dans le naufrage (catastrophe naturelle) des meurtres ont été commis pour la survie d’une partie des naufragés, car il n’y avait plus de place dans les bateaux de sauvetage. On retrouve aussi l’assassinat de Boris (qui avait lui des problèmes mentaux), qui va être déguisé en suicide, par le chef des jeunes trafiquants. Celui-ci va faire croire que l’arme que tient Boris est vide, mais a en fait ajouté une balle dans celle-ci. En plus de cet assassinat, nous avons un meurtre, celui de Lilian, qui a été tué par Vincent qui était devenu fou.
Pour finir, nous pouvons dire que ces morts étaient déjà préméditées par l’apparition des anges, que seule Bronja voyait (nous rappelle l’ange annonciateur du prochain déluge par les flammes dans la Bible), mais aussi par l’apparition du diable, avec lequel Vincent eut un dialogue, par La Pérouse qui dans son échange avec Edouard cite celui-ci à plusieurs reprises, et par la citation de Gide lors de sa cinquième conférence sur Dostoïevski, où il dit « il n’y a pas d’œuvre d’art sans la collaboration du Démon ». Le Diable présent tout au long du récit à donc tenté nos personnages et prémédité leur morts.
Le mal est donc symbolisé par les relations tendues entre les personnages, préméditées par la présence du diable, qui a alors engendré la mort par le biais de catastrophes naturelles, de meurtres et d’assassinats. Et par la tentation, faisant succomber les personnages par les « 7 péchés capitaux » et en leur faisant désobéir aux 10 commandements de Dieu. Mais peut-on véritablement considérer la mort comme le mal, et non pas comme une libération de l’âme ?
RACINE Jana, MORBY Analyss, FESSIN Iris
(2)