Le duc de Guise, un personnage séducteur

Madame de la Fayette est une écrivaine précieuse du dix-septième siècle. Cultivée et intelligente, elle fréquente le salon de mademoiselle de Scudéry et l’hôtel de Rambouillet. Au cours de sa vie, elle se lie d’amitié avec de grands auteurs tels que Segrais et La Rochefoucauld. C’est en 1667 qu’elle publie la princesse de Montpensier anonymement. Son livre connaît un grand succès et est réédité sept fois. En 2010, le célèbre réalisateur Bertrand Tavernier s’inspire de cette œuvre dans son adaptation cinématographique « La Princesse de Montpensier ». Il s’agit de l’histoire d’une princesse qui, à cause des normes sociales, doit vivre en luttant contre ses passions. Ici, nous analyserons un personnage phare de l’œuvre, le Duc de Guise qui domine de sa fougue tous les autres personnages. Nous nous demanderons alors en quoi le Duc de Guise est un séducteur. Nous verrons dans un premier temps qu’il est un rival amoureux. Puis, nous insisterons sur son caractère passionné. Enfin, nous révélerons sa nature ambitieuse et sans scrupules.

    Le Duc de Guise représente un rival amoureux dans l’œuvre. Sa nature belliqueuse transparaît au niveau sentimental. En effet, déjà dans sa jeunesse, il s’immisce dans la relation de son frère (le duc de Maine) et de Mademoiselle de Mézières, et la séduit dans une attitude de défi. Dans le film particulièrement, l’attitude dénigrante de de Guise envers son jeune frère est mise en exergue puisqu’il le traite de « capon », autrement dit de peureux. On peut dire qu’il mène à bien son entreprise car la princesse lui est totalement dévouée. Madame de la Fayette dans sa nouvelle néglige ce personnage car elle ne lui accorde qu’une phrase brève: « […] était comme accordé au Duc de Maine ».

    Plus tard, il est le rival du duc d’Anjou, amoureux de la princesse de Montpensier. Dans les deux œuvres, la scène du bal illustre cette adversité. Particulièrement dans la nouvelle, où le duc d’Anjou réalise que la princesse en aime un autre et ne peut cacher sa jalousie : « Il vit dans ce moment qu’il avait un rival aimé ». Le duc d’Anjou en nourrira une haine tenace. Dans le film, le duc de Guise éprouve un certain désintérêt pour les sentiments du fils du roi envers la princesse puisqu’il se sait le premier dans le cœur de cette dernière. Il a confiance en ses capacités de séducteur et il ne prendra même pas la peine de le considérer.

    Cependant, de Guise est surtout le rival du prince de Montpensier. En effet, il est véritablement la bête noire du prince, qui paraît ne jamais être à la hauteur face à lui. La princesse ne l’a jamais oublié. D’ailleurs dans les œuvres, lors de la scène du lac, il suffit d’un regard pour que les sentiments de la princesse refassent surface : « […] elle distingua encore plus tôt le duc de Guise. Sa vue lui apporta un trouble qui la fit rougir ». Son emprise sur la princesse démontre que son charme opère toujours,  qu’il n’est pas un amant ordinaire. De plus, le prince de Montpensier disparaît aux yeux de Marie lorsque le Duc est présent. Bertrand Tavernier dans son adaptation présente une scène plus que révélatrice. Au cours d’un dîner à Champigny, la princesse reçoit les compliments de tous les hommes et notamment ceux du balafré auxquels elle est sensible. Cela entraîne la jalousie de son mari qui n’a jamais pu obtenir « un sourire d’elle » , contrairement à De Guise.

    Toutefois la séduction du personnage n’est pas que superficielle, le duc De Guise ressent pour la princesse des sentiments véritables et veut qu’elle soit sienne.

    Ce séducteur se révèle être un amant passionné. Dans la nouvelle, dès l’âge de treize ans, il tombe amoureux de Mademoiselle de Mézières pour « sa grande beauté ». Chéri en retour, il désire « ardemment » l’épouser. Dans son film, Tavernier les vieillit. Les deux amants sont âgés d’une vingtaine d’années et De Guise exhibe publiquement ses atouts de séducteur. Son emprise sur elle sera durable, même si la guerre et le mariage de Marie les éloignent l’un de l’autre.

    La scène du lac témoigne de son entêtement. Guise sent son amour « se réveiller », il n’a d’yeux que pour elle : «le duc De Guise la reconnut d’abord ». C’est à ce moment qu’il fera d’elle l’objet de sa convoîtise. Lors de cette rencontre, il répète « plusieurs fois devant tout le monde sans être entendu que d’elle, que son cœur n’avait point changé ». L’adaptation cinématographique reproduit le même schéma. Lors du dîner, il affirme au duc d’Anjou, mais de façon à être entendu de la princesse, qu’il reste « fidèle » aux « mouvements » de son « cœur ».

    Dans les deux œuvres, le duc De Guise pousse la séduction à son paroxysme en renonçant à épouser Marguerite de Valois, la sœur du roi Charles IX, un mariage pourtant avantageux. Puis, il s’installe dans un village voisin du château de la Princesse et entreprend avec elle une correspondance secrète. Il obtient d’elle un rendez-vous nocturne et parvient à ses fins puisque dans le film, il est montré clairement que Marie se donne à lui. Madame de La Fayette reste fidèle au style précieux distingué et ne fait que suggérer la relation charnelle.

    Néanmoins, le duc De Guise est un don juan et son amour pour la princesse s’estompe en raison des avantages que pourraient lui offrir d’autres conquêtes.

    L’amour toutefois ne le grandit pas ni ne modifie sa nature profonde, qu’il finit par révéler. Le duc de Guise est un arriviste qui séduit par intérêt, c’est un infidèle dans la nouvelle et un cynique dans le film.

    Malgré ses sentiments, le duc De Guise dissimule avec difficulté son désir de réussite. En effet, le Duc d’Anjou dit à la princesse de Montpensier que « c’est un homme qui n’est capable que d’ambition ». Dans le film, il en est de même. Lorsque Marie est reçue par la reine au Louvre, cette dernière la met en garde contre l’inconstance intéressée de ce duc: « Il ne faut pas écouter De Guise. Il fait aussi la cour à ma fille Marguerite. ». Enfin, Chabannes qui ne connaît de lui que très peu de choses, avertit la princesse: «  Les gens de sa nature ont l’éclat, le charme, l’audace. Ni la profondeur ni la durée ». Cependant, son pouvoir sur elle est si important qu’elle n’écoutera personne.

    Dans la nouvelle, son infidélité, qui n’est que la suite logique de son amour pour les femmes, est démontrée. Avec le temps, le duc De Guise oublie la princesse de Montpensier qu’il délaisse de plus en plus. Cela se renforce lorsqu’il rencontre la Marquise de Noirmoutiers qui est décrite comme une « personne de beaucoup d’esprit ». De plus, son union avec elle serait lui serait plus favorable : « et qui donnait plus d’espérance que cette princesse ». En effet, dans le langage du XVIIème siècle, le mot « espérance » est synonyme de réussite mondaine, voire matérielle. Il va donc s’avérer être infidèle, ingrat et intéressé et va sacrifier sans remords son amour de jeunesse.

    Bertrand Tavernier imagine une dernière entrevue entre la princesse de Montpensier et le duc De Guise. Celle-ci se rend à Blois afin d’empêcher son amant d’épouser Madame de Clèves. Pour ce faire, elle lui promet de rompre son mariage et envisage de vivre avec lui. Malheureusement, il est trop tard et le duc De Guise l’a déjà oubliée alors qu’il a passé une nuit auprès d’elle. Il finira même par lui avouer la raison de son désir pour elle :« Vous étiez au milieu de nous comme une biche au temps du brame […] Montpensier, Anjou… moi ! Cette rivalité m’a poussé à obtenir… ». Autrement dit, la conquérir était un jeu galant ; elle était sa « proie » et en la séduisant, il s’était lancé dans une sorte de chasse (« biche », « brame »). Enfin, il termine cette rencontre en ajoutant que «la partie est jouée » et reste sur ses positions. Il épousera la princesse de Clèves et se soucie peu de l’avenir de son ancienne conquête.

 

    Finalement, nous pouvons affirmer que le duc De Guise est un séducteur. Tout au long de l’œuvre, le personnage évolue et illustre l’idée de l’amour éphémère et intéressé. Le duc est un combattant, tant bien militaire qu’amoureux. Il paraît être un amant idéal dans un premier temps, un mais le temps va faire de lui un hédoniste qui ne recule devant aucun défi et ne délaisse aucune opportunité.

Julia…

(27)

Une réflexion sur « Le duc de Guise, un personnage séducteur »

  1. Bonjour, merci beaucoup pour cette article. Elève en Terminale L ceci m’aide beaucoup.\
    J’aimerais davantage en s’avoir plus de votre avis sur l’une des scènes ou il sont au combat. Dans une tente le Duc d’Anjou et le prince parlent, le Duc de Guise rentre pour leur annoncer “la bonne nouvelle” et le Duc de Guise avoue avoir pleuré.
    Pourriez vous expliquer et développer cette scène ?

    S’il-vous-plaît et merci d’avance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *