La dualité du prince de Montpensier

    La princesse de Montpensier est une  nouvelle écrite par Madame de la Fayette en 1662 ; en 2010, Bertrand Tavernier  s’est inspiré de cette œuvre pour en faire une adaptation cinématographique. Ces œuvres racontent l’histoire de la princesse de Montpensier qui lutte contre sa passion : l’amour. Entourée de quatre prétendants qui sont le prince de Montpensier, le duc de Guise, le duc d’Anjou et le comte de Chabannes,  la princesse sera au centre de diverses intrigues amoureuses, ce qui rendra son mari, le prince, vert de jalousie. Nous nous interrogerons donc sur la dualité du prince de Montpensier. Dans un premier temps, nous verrons que le prince est un personnage de grande vertu, puis, nous évoquerons ses qualités de guerrier ;  enfin, nous nous pencherons sur sa jalousie maladive.

    Le prince de Montpensier, d’illustre naissance, est un grand seigneur. En effet, il appartient à la maison des Bourbon. Ces derniers sont une branche de la vieille dynastie des rois capétiens. Issue de la même souche, la famille régnante des Valois est une autre branche. Entre les Bourbon et les Valois existent des liens de parenté, ce qui explique que dans le film, le duc d’Anjou, frère du roi Charles IX appelle à plusieurs reprises le prince de Montpensier « mon cousin ». Cette haute naissance lui confère autant de droits que de devoirs.

    Nous remarquons également, que ce prince est doté de grandes qualités : il est honorable et civilisé. Nous pouvons l’affirmer en donnant l’exemple de la nuit de noces durant laquelle il tente de rassurer la princesse. De même lorsqu’il rentre de guerre,  sa femme refusant de passer la nuit à ses côtés, il ne la force pas. Il dit alors que c’est le temps qui doit les rapprocher. Cette attention va  émouvoir la princesse.

    Puis, nous pouvons voir son honnêteté à travers le fait qu’il ne sait pas mentir ou cacher ses sentiments ; comme nous le voyons à travers sa jalousie excessive qu’il ne peut s’empêcher d’exprimer par exemple, lors de la scène du dîner dans le film, où il exige que la princesse soit enfermée dans ses appartements car elle a accepté les compliments du duc d’Anjou et de Henri de Guise; ou même dans le livre lorsqu’il rentre de guerre et s’aperçoit de la beauté de sa femme et comprend qu’il n’est pas le seul à la voir ainsi.

    En plus de ses grandes qualités, le prince de Montpensier est aussi un chef de guerre qui sait, lors de ses combats faire preuve de violence.

   Nous pouvons considérer que c’est un guerrier valeureux. La guerre est son métier qu’il exerce sans réticence. Quelques jours après son mariage, le prince repart déjà au combat : « le prince étant revenu à la cour, où la continuation de la guerre l’appelait ». Il participe donc victorieusement à la bataille de Saint-Denis ; d’où s’ensuivent deux ans de guerre au cours desquels il sera couvert de gloire. Une paix est convenue entre les deux camps. Cette paix est vite rompue, il retourne donc combattre. Sa bravoure est même reconnue par le duc d’Anjou qui lui confiera le commandement des troupes royales.

     Guerrier, le prince est entouré de violences. Le film en est la preuve absolue, et témoigne de la sauvagerie de la guerre et des assauts. Malgré son courage indéniable, il reste tout de même un tueur. Il laisse ainsi libre cours à sa nature violente et cela tant sur le champ de bataille qu’en dehors de ceux-ci. Dans le film Madame de Mézières, afin de convaincre sa fille Marie, de se marier avec le prince de Montpensier, le définit comme « une brute comme une autre ». De plus, après la scène du bal, sa violence est mise en exergue lorsqu’il annonce à sa femme l’envie de la frapper lors d’une crise de jalousie.

   Ainsi, les œuvres témoignent parfaitement de sa jalousie. Les auteurs décrivent donc le prince de Montpensier tel un mari jaloux.

   En effet, ce dernier est un soldat courageux à qui l’amour fait perdre ses moyens. Il est donc représenté en personnage pathétique, tragique et explosif lorsqu’il est jaloux et en colère. Il est effectivement parfois injuste et se laisse souvent emporter et cherche par la suite, à se rattraper et éprouve du remords comme par exemple lorsqu’il crie sur Marie.

   Comme nous l’avons vu précédemment, le personnage fait preuve d’une jalousie instinctive ; après deux ans d’absence, il retrouve sa femme plus belle que jamais: « Par le sentiment d’une jalousie qui lui était naturelle, il en eut quelque chagrin, prévoyant bien qu’il ne serait pas le seul à la trouver belle » écrit Madame de la Fayette. Chez Tavernier, cette jalousie instinctive est aussi présente lorsqu’il découvre que Chabannes a appris à Marie l’écriture il s’exprime ainsi : « Pour faire réponse ? On lui écrit ? ». Il fait alors allusion à un éventuel amant.

   De plus en plus, cette jalousie devint obsessionnelle. En effet, après l’arrivée du duc d’Anjou et du duc de Guise cette jalousie ne peut que s’affirmer. Dans le livre, les regards de de Guise envers sa femme le jettent dans une jalousie « furieuse » et dans le film, cette « fureur » se manifeste lors de la scène que le prince fait à sa femme : « Il (le duc de Guise) n’a cessé de vous regarder, de vous caresser du regard ».  Nous le remarquons aussi lors du ballet donné en l’honneur du mariage du roi ; dans la nouvelle, le prince surveille les allées et venues de sa femme et regarde à qui elle s’adresse alors que dans le film, cette scène est accentuée. On voit le prince suivre sa femme du regard puis la quereller jusqu’à vouloir la frapper.

   Enfin, lors du rendez-vous entre la princesse et Henri de Guise, dans les deux œuvres, le prince fait preuve d’une rage inconditionnelle lorsqu’il entend la voix d’un homme dans les appartements de sa femme. Dans la nouvelle il est dit qu’il enfonce la porte et entre  «comme un homme possédé de fureur et qui cherchait des yeux sur qui la faire éclater ». Cette rage est aussi présente dans le film puisqu’il surgit l’épée à la main et menace Chabannes.
   Pour conclure, nous pouvons affirmer que le prince de Montpensier est un personnage duel. En effet, ce dernier a de grande qualités notamment le courage et l’honorabilité. Cependant, l’amour excessif qu’il a pour la princesse rend ce personnage négatif. La jalousie est effectivement, une forme néfaste de l’amour. Comme le dirait la Rochefoucauld : « Il y a dans la jalousie plus d’amour-propre que d’amour ».

Adriana

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Une réflexion sur « La dualité du prince de Montpensier »

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