Le réalisme est un mouvement artistique et littéraire qui est apparu en France de 1850 à 1890 ; il est né du besoin de réagir contre le sentimentalisme du Romantisme. Ce mouvement littéraire est caractérisé principalement par la représentation la plus fidèle possible de la réalité, sans idéalisation et sans artifice. Le roman réaliste entre ainsi dans l’âge moderne, et on peut enfin aborder sans aucun problème les thèmes comme le travail d’un salarié, les relations conjugales, les relations adultères et les affrontements sociaux.
Qu’est-ce qui peut nous montrer que Madame Bovary est une œuvre réaliste ?
Madame Bovary est une œuvre réaliste tout d’abord, car la description des lieux et des personnages est proche de la réalité. Flaubert cherche une reproduction objective et intégrale de la réalité humaine, aussi banale qu’elle soit.
Afin que son œuvre soit la plus réelle possible, Flaubert, tel un journaliste, s’inspire de beaucoup de faits divers qui ont marqué son époque.
Tout d’abord, il y a eu l’Affaire Delamare : l’histoire d’Eugène Delamare, qui après le décès de sa femme, se remarie avec une jeune provinciale de 17 ans. Cette jeune fille, qui ressemble beaucoup à Madame Bovary, se lasse très vite de lui. Elle le trompe avec plusieurs amants, est endettée et finit par mettre fin à ses jours en s’empoisonnant.
Il s’est également inspiré de l’affaire Loursel dans laquelle un pharmacien a eu une relation extra-conjugale avec mademoiselle de Bovery.
Ce qui rend cette œuvre réaliste est le fait que Flaubert insiste beaucoup sur les descriptions des personnages, des lieux, des objets. Lorsqu’il décrit le personnage principal, il insiste lourdement sur son apparence et ses habits: « son habit-veste drap vert à boutons noirs […] laissait voir par la fente des parements, des poignets rouges […] Ses jambes en bas bleus sortaient d’un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles ». Flaubert insiste également sur les petits détails, comme sa casquette, qui représente Charles lui-même. C’était une « de ces coiffures d’ordre composite », où l’on retrouve des éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond […]. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires; puis, s’alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poil de lapin ». L’auteur s’attarde également sur les descriptions d’Emma. Il insiste principalement sur sa sensualité et sa féminité: «A chaque mouvement qu’elle faisait […] sa robe du côté droit remontait. De ses cheveux retroussés, il descendait une couleur brune sur son dos […] son vêtement retombait des deux côtés […] bouffant, plein de plis et s’étalait jusqu’à terre ». Il fait également une longue description des lieux, lorsque le couple arrive à Yonville, Flaubert décrit minutieusement les détails: « un bourg à huit lieues de Rouen […], petite rivière qui se jette dans l’Andelle […] et où il y a quelques truites que les garçons, le dimanche, s’amusent à pêcher à la ligne » (partie 2, chapitre I).
En plus de s’être inspiré de plusieurs faits divers, il s’est aussi beaucoup documenté au niveau juridique et médical. Pour pouvoir décrire l’agonie d’Emma Bovary dans les moindres détails, il se documente beaucoup sur les symptômes de l’empoisonnement à l’arsenic. Les étapes sont précisées dans l’oeuvre: vomissements, soif, douleur à l’estomac. Flaubert s’inspire aussi de plusieurs cas de suicide avec ce poison et notamment celui de la jeune Emma Charles, qui dans un moment de dégoût de sa vie, a pris environ dix grammes d’acide arsénieux en poudre. La scène de dénouement est particulièrement intense, voire choquante.
Afin d’atteindre l’exactitude dans les désordres financiers de son héroïne, Flaubert n’a pas hésité à consulter un avocat afin qu’il lui donne le plus de détails possibles sur ce genre de cas.
Madame Bovary est une œuvre réaliste dans le fait que Flaubert s’est beaucoup documenté pour qu’elle soit le plus vraisemblable possible, et a le souci du détail pour que celle-ci corresponde le plus possible à la réalité.
Mais Flaubert est également anti-réaliste. En effet, il dira : « On me croit épris du réel alors que je l’exècre car c’est en haine du réalisme que j’ai entrepris ce roman. »
Beringuer Carrey Mélissa, Beriou Cathia, Goulamaly Insiyah, Hernandez Emma
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