Le bouquet de mariée dans Madame Bovary

Les emplacements du bouquet dans l’œuvre :

-début du chapitre 5 de la première partie : le bouquet est placé sur le secrétaire près de la fenêtre dans une carafe, ce sont des fleurs d’oranger. Ce bouquet appartenait à la première Mme Bovary, sa présence dans cette chambre peut laisser transparaître la passivité de Charles qui l’a certainement oublié (tout comme sa femme défunte peut être).

-dans le même passage : Charles monte le bouquet de sa défunte femme au grenier.

-dans le même passage : le bouquet est présent dans les pensées d’Emma qui se demande la place que le sien aura à sa mort.

-dans le dernier chapitre de la première partie : en faisant ses cartons, Emma se pique les doigts (ne sait pas encore que c’est son bouquet). C’est son bouquet qui s’est dégradé avec le temps, elle le jette dans le feu et l’auteur précise « qu’il s’enflamma comme une paille sèche ». Il est également composé de boutons d’oranger fanés (symbole de virginité et de pureté), « des rubans au liseré d’argent dont les bouts s’effilochent ».

La symbolique du bouquet :

   Nous pouvons remarquer (selon les divers emplacements du bouquet) que la vie conjugale d’Emma débute sur la découverte de ce bouquet oublié, tandis que la première partie se termine sur la destruction de son propre bouquet, ce qui peut représenter la mort symbolique de son union avec Charles ; or, la première fois qu’elle pense à son bouquet, elle l’associe à l’idée de mort. On remarque également que la dégradation du bouquet (fleurs fanées, rubans abîmés) peut s’apparenter à la désillusion progressive d’Emma, concernant la vision qu’elle avait du mariage.

   Lorsque le premier bouquet est découvert, il est simplement monté au grenier par Charles sur la demande silencieuse d’Emma, cela signifie que, d’une certaine manière, la défunte Madame Bovary, occupera toujours une place dans la maison des Bovary à Tostes, tandis que lorsqu’Emma découvre son bouquet dans un tiroir, elle le détruit de sa propre initiative et de manière radicale, ce qui marque son refus d’appartenir à la famille Bovary et d’être la troisième Madame Bovary.

   Le fait que le bouquet de la défunte soit placé sur le secrétaire près de la fenêtre rappelle d’une certaine manière l’irruption et la présence continuelle de la défunte dans la vie de Charles, tandis que le bouquet d’Emma fut rangé dans un tiroir, ce qui peut montrer le détachement qu’Emma éprouvait vis-à-vis de son mari.

   Les fleurs d’oranger symbolisent la virginité et la pureté ; or, Emma détruit son bouquet à la fin de la première partie, avant de partir pour Yonville, où elle commence à songer à l’adultère, avec Léon, premièrement ; puis elle passera à l’acte avec Rodolphe.

   Comme dit précédemment, la destruction du bouquet symbolise la mort de l’union conjugale d’Emma et de Charles ; or, dans le passage évoqué, juste après la description du bouquet qui brûle, on précise que « quand on partit de Tostes, au mois de mars, Mme Bovary était enceinte » ; la naissance d’un enfant représente, d’un point de vue extérieur, le prolongement d’une union conjugale, en contradiction avec l’élimination de son bouquet et donc la mort symbolique de son mariage.

   Le regard porté sur le bouquet a également son importance ; lorsqu’elle aperçoit le bouquet de la défunte, Emma lui jette un regard bref, méprisant ; tandis que lorsqu’elle détruit son bouquet, elle l’observe brûler jusqu’à la fin, et l’on dit que «les petites baies de carton […] comme des papillons noirs, enfin, s’envolèrent par la cheminée », autre symbole de la mort du mariage des Bovary, et de leur départ.

Ann-Lucia, Clara

(1109)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *