Apparu au XXème siècle, le mouvement surréaliste prône l’absence de toutes conventions ainsi que la liberté de pensée et d’expression sous plusieurs formes telles que l’écriture ou la peinture. Ses idées sont ainsi transmises au monde extérieur au travers de diverses œuvres, et notamment dans le recueil Les mains libres, co-réalisé par l’écrivain Paul Eluard et l’artiste Man Ray.
Nous analyserons le poème « L’aventure » ainsi que son illustration. Deux thèmes y sont abordés, celui de la liberté, physique et morale, ainsi que celui du rêve.
I – La liberté physique
La femme nous rappelle la Grèce antique, elle peut donc être définie comme une cariatide. Nous pouvons penser qu’elle a décidé de se détacher, de se libérer du fronton qui se trouve au-dessus d’elle, et qui semble renfermer encore nombreuses femmes.
Mouvement : nous remarquons qu’elle a un pied devant l’autre, un pas presque hésitant vers l’aventure qui s’inscrit dans un futur plus ou moins proche. Le dessin nous montre que la femme se cache le visage d’une probable luminosité inhabituelle et qui dans le poème prend un caractère croissant : « aurore, éclair, feu, lumière ». C’est le moment du départ de l’aventure, qui suscite cependant une hésitation, une crainte.
II – La liberté, un conseil pour une renaissance
Nous remarquons une sorte de gradation dans le poème qui apparaît comme un conseil, presque une leçon : « Prends garde… ». Le lecteur est en quelque sorte prévenu de ce qui pourrait probablement se passer s’il se laisse aller à l’aventure.
S’en suit alors une succession de vers courts et d’impératifs : « Bats, Répands, Connais, Doute… », qui rythment le poème et y apportent une grande touche de rapidité. Cela pourrait souligner le caractère fougueux, impétueux ou encore énergique que l’emprise d’une aventure pourrait susciter.
Tout cela pourrait nous amener à penser à une renaissance. Le champ lexical du renouveau en témoigne : « naissance, germe, fleurisse ». Nous pouvons également interpréter cela comme un pas vers l’inconnu : « Connais ce qui n’est pas à ton image ». Enfin, vient l’aboutissement, la « Lumière », un mot qui prends tout son sens ici, comme un point de départ sur la découverte du monde.
III – L’aventure vers un monde surréel
L’atmosphère onirique
Il règne dans le poème comme dans le dessin, une sorte de surréalité.
Éléments rappelant le rêve : des nuages dans l’illustration ; un décor aux lignes imprécises et floues. Cela relève du domaine de l’indéfini puisque le subconscient n’est soumis à quelconque limite : « C’est l’instant échappé aux processions du temps ».
Ainsi les lois temporelles sont brisées (« rompent »), puisque le temps semble suspendu. Tout comme le fronton lui même, qui paraît n’être rattaché à rien de physique, il semble flotter comme dans un rêve.
Nous voyons donc que le poème et l’illustration font ressortir deux grands thèmes propres au surréalisme : la liberté et l’onirisme. D’ailleurs, la liberté pourrait prendre un sens plus personnel et faire référence à la vie de Man Ray qui quitta son pays natal et « partit à l’aventure », de l’autre côté de l’océan afin de laisser ses principes dadaïstes s’exprimer.
Yaël
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