Le duc d’Anjou, un personnage duel ?

Le duc d’Anjou est le frère du roi Charles IX et le fils d’Henri II et Catherine de Médicis. C’est un personnage historique de Madame de LaFayette dans son œuvre La princesse de Montpensier publiée en 1662, inspiré d’Alexandre-Edouard d’Anjou . Repris dans l’adaptation cinématographique de Bertrand Tavernier en 2010, ce personnage tient une place importante autant dans le récit du XVIIème siècle que dans le film. En effet d’Anjou est pris de passion pour Mademoiselle de Mézières, ce qui fait qu’il est le rival amoureux du Duc de Guise qui en est lui aussi épris. C’est également un personnage assez spécial de par les différentes facettes de sa personnalité. Nous nous demanderons alors en quoi le Duc d’Anjou est un personnage duel. Dans un premier temps nous  verrons son aspect sensible et franc et dans un deuxième temps nous remarquerons qu’il reste pour autant un personnage déterminé et qui sait garder le contrôle de lui-même.



  I – Un personnage sensible et d’une profonde franchise

La franchise du duc d’Anjou est tout d’abord marquée lorsqu’il avoue son amour pour la princesse de Montpensier au duc de Guise qui lui aussi ressent des sentiments pour la jeune femme: « Le duc d’Anjou lui avoua qu’il n’avait encore rien vu qui lui parût comparable à la princesse de Montpensier et qu’il sentait bien que sa vue lui pourrait être dangereuse s’il y était souvent exposé » (p. 18). Son aveu direct montre sa transparence et sa franchise. Plusieurs fois le duc d’Anjou joue la carte de la franchise avec la princesse en tentant de lui avouer ses sentiments. Dans le film, le duc va brusquer Marie avec sa sincérité en lui disant « je suis sincèrement jaloux de votre époux. » Cette déclaration va troubler la jeune femme. Le duc d’Anjou est souvent montré comme quelqu’un d’ironique, qui est prompt à la moquerie. Cependant, il est quelqu’un de profondément sincère, avec une étonnante franchise qui peut désarmer et déboussoler.

Malgré sa forte franchise, d’Anjou apparaît comme un personnage sensible. Dans le film, lorsque d’Anjou plaisante avec des camarades, l’un d’eux se moque de Marie. Anjou se montre alors très sec et coupant, interdisant quiconque de salir Marie. Une certaine sensibilité fait surface, ses sentiments prennent le dessus et il va jusqu’à la défendre devant ses camarades. Durant le bal, la princesse de Montpensier prend le duc d’Anjou pour le duc de Guise et lui déclare ses sentiments. D’Anjou apprend donc la relation entre le duc de Guise et la princesse: « d’Anjou en demeura accablé comme d’un coup de tonnerre ». Cette nouvelle contrarie le duc d’Anjou, et il va encore une fois faire preuve d’une certaine franchise. Dans le film, on peut voir que le duc d’Anjou va faire chercher Marie et la rend à son époux en lui disant qu’elle a failli se perdre. Il la place alors dans une situation particulièrement délicate. Encore une fois il lui avoue ses sentiments en lui disant: « C’est moi qui vous méritais, Marie. Moi j’étais sincère. » La scène de la barque marque également un moment important. D’Anjou va apparaître encore une fois comme quelqu’un de sensible pour qui Marie est une faiblesse. Le duc d’Anjou est montré pour la première fois déboussolé et touché. Il manque même de tomber dans le film. Il va souvent questionner la jeune femme, s’intéressant à elle de plus en plus.

Décontenancé, il parvient néanmoins rapidement à se montrer charmeur et agréable, sachant parfaitement se contrôler. Cela montre une différente facette d’Anjou qui est sa force d’esprit. En effet, malgré sa sensibilité et sa transparence il sait dissimuler ses sentiments quand il le faut.

II – Un personnage faisant preuve de détermination tout en gardant le contrôle de lui-même

Le Duc d’Anjou est présenté comme un courtisan et comme un homme de pouvoir. Il impose son autorité sur tout son entourage. On peut le voir en particulier dans la scène de la rivière lorsqu’il rencontre la princesse. On trouve des mots appartenant au champ lexical de la volonté et de l’ordre : « donner ordre », « c’était lui qui devait être son amant »,« voyant Mme de Montpensier si belle, et cette aventure lui plaisant si fort, il se résolut de l’achever » (p16). Le duc d’Anjou est également montré comme déterminé. A la cour, à Paris, le duc d’Anjou la « suit continuellement ». On a une énumération de « tous les lieux où il la pouvait voir ». D’ailleurs la phrase « chez la reine sa mère et la princesse sa soeur » montre sa ténacité. (p23-24)

Le Duc d’Anjou a d’ailleurs simplement avoué et démontré ses sentiments à la princesse mais n’a jamais rien tenté, il ne l’a point bousculé et la laisse faire ses choix librement.

Pour conclure, on pourrait dire que le personnage du Duc d’Anjou est complexe et duel.  On peut comprendre la dualité du personnage car il possède à la fois un aspect sensible et franc envers les autres personnages du roman et surtout envers la princesse en lui avouant explicitement ses sentiments à plusieurs reprises mais il est également déterminé et il sait garder le contrôle de lui-même tout en restant autoritaire à la cour.

Kézya, Mathilde, Ophélie

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2 réflexions sur « Le duc d’Anjou, un personnage duel ? »

  1. Intéressant. Remarquons tout de même que le duc d’Anjou n’a pas le même caractère dans la nouvelle et dans le film :
    Dans la nouvelle, il est manipulateur, il dissimule et n’hésite pas à mentir.
    Dans le film, il dit les choses de façon provocante (comme lorsqu’il dit au prince qu’il ferait bien l’échange, au moment où ils vont se coucher).
    (Remarque que vous pouvez retrouver dans ce livre consacré aux deux oeuvres : https://www.amazon.fr/dp/1796888168

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