D’abord on constate qu’il y a un paradoxe au niveau de l’aveuglement.
En effet d’une part l’aveuglement est un moyen de fuir la vérité, Œdipe se perce les yeux après avoir pris conscience de ses crimes et après avoir vu son épouse qui est à la fois sa mère sans vie ,c’en est trop pour Œdipe, la vérité est trop difficile à accepter, il s’aveugle les yeux avec la broche : «Ainsi ne verront-ils plus ni le mal que j’ai subi, ni celui que j’ai causé; ainsi les ténèbres leur défendront-elles de voir désormais ceux que je n’eusse pas dû voir, et de connaître ceux que ,malgré tout j’eusse voulu connaître!»(p.56), «Non! non, plus jamais ce spectacle sous mes yeux !»il a vu l’horreur de la vérité en face il ne peut plus la regarder «Mes yeux, à moi, du moins ne les reverront pas, non plus que cette ville, ces murs, ces images sacrées de nos dieux ».Chez Pasolini il y a comme une volonté de priver le spectateur de la vue dans la scène de l’aveuglement, en effet la scène est très sombre, ce qui permet de ressentir ce que le personnage ressent (catharsis) et de donner plus d’ampleur aux paroles d’Œdipe. Celui-ci ne se suicide pas, il se contente de s’aveugler.
D’autre part on remarque qu’il y a des allusions à l’aveuglement tout au long du film notamment après qu’Œdipe ait consulté la pythie ,en effet on remarque qu’après cela les plans sont flous, et que sa vision est trouble, il y a des contre- jours, le soleil est aveuglant, ce qui d’une part annonce son aveuglement proche et de l’autre montre son malaise, et sa désorientation mais surtout on constate qu’il fuit la vérité en se cachant les yeux à chaque carrefour. Ainsi il se laisse aller (au hasard), il n’a plus prise sur son destin. Mais l’aveuglement ne permet-il pas au contraire un moyen d’atteindre la vérité ?
On constate que l’aveuglement est un moyen d’atteindre et d’accepter la vérité, on peut le voir à travers Œdipe, son aveuglement est un moyen d’accepter ses fautes, d’accepter l’inceste, d’accepter son crime envers son père. Son aveuglement semble lui permettre d’apaiser sa souffrance comme on peut le voir dans le film, à la fin lorsqu’il marche dans la ville de Bologne il n’y a plus de tension, plus de tambour, la seule musique qu’on entend est la musique qu’il joue lui-même (d’ailleurs cela montre qu’il n’est plus le jouet du destin mais qu’il commence à prendre sa vie en main), elle est calme, il joue de la flûte comme Tirésias. D’ailleurs ici il réalise son souhait : lui qui voulait ressembler à Tirésias est maintenant par «son chant» comme lui, placé «au-delà du destin». Il semble serein et semble avoir dépassé son destin, le suspense est terminé. Dans le livre on remarque qu’Œdipe semble avoir accepté ses actes, et accepte le fait que ce soit lui l’assassin, il assume : «J’apparais aujourd’hui ce que je suis en fait: un criminel, issu de criminels». Lui qui était le jouet du destin semble maintenant libéré car il choisit lui-même son châtiment et assume ainsi les actes qu’il a commis sans le savoir: «Oui c’est Apollon qui m’inflige à cette heure ces atroces disgrâces qui sont mon lot .Mais aucune autre main n’a frappé que la mienne, la mienne, malheureux!»(p.58). Il décide par lui-même de partir et semble libéré des décisions des dieux : «jette-moi hors de ce pays, et au plus tôt», «que mon destin à moi suive sa route!», «Eh quoi! pour un malheureux vous iriez consulter encore? ».
De plus Œdipe accepte de s’exhiber face au Chœur et au peuple, ce qui montre son acceptation de la vérité aux yeux de tous et sa dignité, lui qui était dans la démesure et dans l’orgueil se présente volontairement devant le peuple comme le plus faible de tous, son aveuglement lui donne un côté plus humain (il a fait des erreurs mais continue d’avancer) mais surtout de voir les choses telles qu’elles sont : «Désormais tout est clair». L’aveuglement lui permet de mieux voir, on pourrait dire que c’est parce qu’il voit la vérité qu’il n’a plus besoin des yeux, et que c’est dans l’obscurité qu’on peut contempler la vérité.
Enfin son aveuglement permet donc de mettre fin à la peste et de sauver Thèbes. Par son acceptation de la vérité par la cécité, Œdipe est à la fois un homme faible et un homme digne qui assume ses fautes.
Maximilien Hérode, Raphaël Kerguinas, Laura Maloberti
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salut ! c’est très intéressant mais difficile à lire peut être faudrait-il faire des paragraphes ou au moins aérer, se serait plus agréable pour les lecteurs. voila voila 🙂
Merci beaucoup pour cet article très interessant je vais le partager sur fb
Merci beaucoup 🙂