Le mythe d’Oedipe

Comme tout autre mythe, celui d’Oedipe était à la base un mythe oral, mais il fut adapté pour la première fois par Eschyle puis par Sophocle durant l’antiquité. Premièrement nous allons nous intéresser aux « auteurs fondateurs » du mythe ; dans une seconde partie nous parlerons du mythe en lui-même ; enfin nous verrons les différentes adaptations de ce mythe à travers le temps.

I) Les auteurs

Il y a eu deux auteurs fondateurs du mythe d’Oedipe : Eschyle et Sophocle.

a) Eschyle

Eschyle est un poète et dramaturge né en 526 avant J-C à Attique et il serait mort en Sicile en 456 avant J-C. Il aurait écrit plus d’une centaine de pièces de théâtre au cours de sa vie, mais nous n’en connaissons que sept. Il aime traiter des sujets politiques et religieux, et il tente de renouveler le style dramatique en y apportant plusieurs innovations. Ses pièces les plus marquantes sont : Les sept contre Thèbes, Les suppliantes, L’orestie  ou Prométhée enchaîné. Contrairement à ce qu’on croit, il est le premier, avant Sophocle, à avoir traité du mythe d’Oedipe.
b) Sophocle

Sophocle naît à Colone en Grèce en 495 avant J-C, et il y est mort en 407 avant J-C. Il est l’un des trois plus grands tragiques (avec Euripide et Eschyle). Il serait l’auteur de 122 pièces de théâtre, mais seulement huit nous seraient parvenues. Il est l’auteur de la célèbre pièce Œdipe roi, mais il n’est pas le premier à avoir traité de ce sujet.

c) Comparaison des oeuvres

Il est intéressant de comparer les différentes versions du mythe d’Oedipe d’Eschyle et de Sophocle.
Eschyle a écrit sa tragédie œdipienne Les sept contre Thèbes en 467 avant Jésus-Christ. Cette tragédie raconte la lutte des sept chefs, une expédition qui trouve son origine dans la lutte au pouvoir qui oppose Etéocle et Polynice, les frères maudits d’Antigone.
Quant à Sophocle, il écrit sa tragédie sur Oedipe beaucoup plus tard (entre 430 et 420 avant J-C). Le prologue s’ouvre directement sur l’audience accordée par Oedipe, le roi, à un prêtre et à des enfants venus lui supplier de trouver l’origine de la peste qui s’abat sur les habitants de la ville. Et dès lors l’histoire du héros principal s’engage.

II) Le mythe
a) Les Labdacides

Les Labdacides sont les descendants de Labdacos, roi de Thèbes. Laïos est le fils unique de ce roi. Son père meurt lorsqu’il n’a qu’un an, déchiré par les Bacchantes (femmes qui célébraient le culte de Dionysos) pour avoir combattu le culte de Dionysos.
L’origine de la malédiction des Labdacides commence au niveau des parents d’Oedipe, particulièrement de son père Laïos. Alors qu’il rendait visite à son ami le roi Pélops, Laïos s’éprend du jeune fils de son ami, Chrysippe. Leur passion amoureuse conduit au suicide du jeune homme. C’est alors que Pélops décide de maudire Laïos en faisant intervenir Héra, la déesse du mariage : si jamais Laïos a un fils, celui-ci s’unira avec sa mère et le tuera.
Malgré ses tentatives pour déjouer cela, la prédiction s’avère vraie, et de l’union de Oedipe et Jocaste naissent quatre enfants : Etéocle, Polynice, Antigone et Ismène. Etéocle et Polynice se battent (après la mort de leur père) pour régner sur Thèbes, refusant de se partager le pouvoir. Ils causent la guerre entre Thèbes et Argos où ils s’entretueront.
Créon, leur oncle qui par le passé avait déjà occupé plusieurs fois le trône, décide de ne pas enterrer Polynice et ainsi empêcher son âme de trouver le repos, pour donner exemple aux habitants de Thèbes et condamnera à mort tous ceux qui oseront l’enterrer, peine applicable à tous, même à sa propre nièce qui s’opposera à lui : Antigone. Cela lui a valu d’être vu comme une figure du dirigeant totalitaire.
Antigone est la fille d’Oedipe et Jocaste, elle est connue pour avoir accompagné son père durant son exil et encore plus pour s’être opposée à Créon afin de pouvoir enterrer son frère. Elle était promise à Hémon, le fils de Créon et Eurycide, mais finit par mourir emmurée, sentence appliquée par son oncle pour avoir enfreint les règles. Sa soeur Ismène tentera malgré tout de la raisonner afin qu’elle puisse rester en vie, mais Antigone n’acceptera pas son aide, préférant écouter la voix de la Justice à la place de celle de la Raison.

mythe
b) Le mythe d’Oedipe

La version la plus connue du mythe d’Oedipe, est celle de Sophocle Œdipe-roi.
Dans la mythologie grecque, Œdipe est le fils de la reine Jocaste et du roi Laïos.
Jocaste attend un enfant, et son mari, le roi Laïos, demande à un oracle, le destin que connaîtra son fils ; sa réponse est terrible: « Il tuera son père et il épousera sa mère ». Afin d’échapper à son terrible destin, il attache et perce les deux pieds de son fils et ordonne qu’il soit abandonné sur les flancs du mont Cithéron. Un serviteur le trouve et décide de l’emmener à des bergers, qui par la suite, le confieront à Polybe et Mérope, roi et reine de Corinthe : ils décideront de l’appeler Œdipe, ce qui veut dire « celui qui a les pieds enflés ».
Plusieurs années passent, après qu’un Corinthien a traité Œdipe « d’enfant trouvé », le jeune homme décide de demander la vérité à la Pythie de Delphes : cependant elle ne répond pas directement à sa question, mais elle lui parle juste de la malédiction. En chemin, il a une violente dispute avec un vieillard, qui lui aurait ordonné de s’écarter de son chemin. Œdipe le tue, mais ignore qu’en réalité, il s’agissait de son père Laïos : il vient donc d’accomplir la première partie de la prophétie sans le savoir.
Oedipe arrive à Thèbes, qui était sous l’emprise du Sphinx : un monstre sanguinaire, un lion à tête de femme. Cette créature dévorait tous les voyageurs qui ne pouvaient pas résoudre la fameuse énigme qui leur était proposée: « Quel est l’animal qui le matin marche sur quatre pattes, le midi sur deux, le soir sur trois ? ». Oedipe répond sans hésiter l’Homme, et le Sphinx vexé, se suicide. Il s’attire par la suite toutes les faveurs des habitants de la ville, et en remerciement, les Thébains lui offrirent la main de la reine Jocaste. Pendant de nombreuses années, le couple vit heureux, sans savoir qu’ils sont en réalité mère et fils, et ont même quatre enfants : Ismène, Antigone, Eteocle et Polynice. La deuxième et dernière partie de la prophétie vient de s’accomplir.
Cependant, un jour, la peste ravagea le pays. L’oracle de Delphes proclama que le meurtre de Laïos devrait être puni et que cette maladie ravagera la cité entière tant qu’il ne serait pas vengé. Œdipe prononce alors une terrible malédiction contre le meurtrier, et consulte le devin aveugle Tirésias, afin de connaître le nom du coupable. Celui-ci ne répond pas, et suscite même contre lui des soupçons ; finalement excédé, il conseille au roi Œdipe de consulter ses serviteurs. L’un d’eux, témoin du meurtre est le même esclave qui a abandonné l’enfant sur le Mont Cithéron : Œdipe comprend alors que c’est de lui qu’il s’agit. La vérité dévoilée, Jocaste se suicide et Œdipe, se rendant compte que leurs enfants étaient maudits, se crève les yeux avec les broches de la reine. Œdipe errera sur les routes en compagnie de sa fille Antigone, qui le guidera jusqu’à Attique, où il sera purifié de son crime par Thésée et  il mourra à Colone.

III) Les différentes adaptations
a) Les adaptations théâtrales

L’oeuvre de Sophocle sera une incroyable source d’inspiration : en effet, après Oedipe-Roi différents auteurs feront des réécritures de l’oeuvre, le mythe d’Oedipe sera encore évoqué au 20ème siècle par Jean Cocteau dans La Machine Infernale.
Il connaîtra différentes adaptations aussi bien en littérature, qu’au théâtre et encore au cinéma. Cela sera tout d’abord au théâtre que l’oeuvre sera reprise, notamment avec Corneille avec Oedipe : elle est représentée en 1659. Corneille modifie les enjeux politiques. Oedipe gouverne Thèbes et il doit réaffirmer son autorité (comme successeur du roi Laïos). Voltaire aussi reprendra le mythe avec Oedipe, sa première pièce de théâtre écrite en alexandrin, en 1718. Ici l’intrigue ne change pas vraiment, cependant, on note quand même une différence : Oedipe ne se rend pas coupable et accuse la barbarie des dieux. Le mythe d’Oedipe sera autant repris au théâtre qu’en littérature.

b) La littérature

Concernant la littérature, Henry Bauchau reprendra le mythe œdipien en 1990 avec son œuvre Oedipe sur la route. Il s’agit d’une réécriture de l’histoire évoquant un parcours initiatique au cours duquel le héros a totalement surmonté les différentes épreuves de son existence. Il erre avec sa fille Antigone après avoir été chassé de Thèbes. Cette réécriture s’appuie sur les deux œuvres de Sophocle Oedipe à Colone et Oedipe roi.

c) Le cinéma

Il sera aussi adapté en film, notamment avec celui de Pier Paolo Pasolini en 1967. C’est un film italien qui reste ancré sur l’oeuvre originale, excepté à la fin  il passe de l’antiquité au 20ème siècle: Oedipe avec les yeux percés se retrouve dans les rues modernes de Boulogne.

Enfin nous pouvons dire que le mythe d’Oedipe est intemporel car il est encore étudié aujourd’hui, notamment en psychanalyse concernant le fameux « Complexe d’Oedipe »  lorsqu’un enfant aime le parent du sexe opposé et verra son autre parent comme rival.

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