Les oeuvres au bac 2016-2017

Nous commencerons l’année scolaire par l’étude de Oedipe-roi, l’oeuvre de Sophocle et le film de Pasolini.
Vous devez donc vous procurer le livre de Sophocle, à lire pendant les vacances, dans l’édition suivante:

oedipe-roi

Vous pouvez voir le film de Pasolini en version espagnole (rassurez-vous: les dialogues sont rares!) sur Youtube en attendant de vous procurer la version originale.

Bonnes vacances et bonne lecture!

Classe terminale de la série littéraire
Programme de littérature pour l’année scolaire 2016-2017

NOR : MENE1608484N
note de service n° 2016-059 du 11-4-2016
MENESR – DGESCO MAF 1

Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; au directeur du service interacadémique des examens et concours d’Île-de-France ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-inspectrices et inspecteurs pédagogiques régionaux de lettres ; aux proviseurs ; aux professeurs de lettres
Références : arrêté du 12-7-2011 (J.O. du 20-9-2011 et B.O.E.N. spécial n° 8 du 13-10-2011)
Pour l’année scolaire 2016-2017, la liste des œuvres obligatoires inscrites au programme de littérature de la classe terminale de la série littéraire est la suivante :
A. Domaine d’étude « Littérature et langages de l’image »
Œuvres
– Sophocle, Œdipe Roi (édition au choix du professeur).
– Pier Paolo Pasolini, Œdipe Roi, film italien, 1967 (édition au choix du professeur).
Le programme de l’enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire (arrêté du 12 juillet 2011 publié au B.O.E.N. spécial n° 8 du 13 octobre 2011) indique que le travail sur le domaine « Littérature et langages de l’image » doit « conduire les élèves vers l’étude précise des liens et des échanges qu’entretiennent des formes d’expression artistiques différentes ». L’inscription au programme de la tragédie de Sophocle Œdipe Roi (~425 av. JC) et de la version filmique qu’en a donnée Pier Paolo Pasolini (1967) met en jeu les relations entre littérature et langage cinématographique. La pièce de Sophocle et le film de Pasolini relèvent à l’évidence de la relation d’adaptation. La lecture croisée de l’un et de l’autre, recourant aux outils d’analyse adéquats à chacun, permettra aux élèves d’apprécier les œuvres « dans la double perspective de leur singularité et de leur intertextualité ».
Avec Œdipe Roi, Sophocle ouvre une nouvelle ère du tragique, dont les conflits ne jouent plus seulement entre l’humain et des forces divines, mais aussi entre le sujet et sa propre conscience, faisant surgir ainsi l’individu au cœur de la Cité.
L’Œdipe Roi de Pasolini s’affiche comme une réécriture de la pièce de Sophocle. Emblématique du « cinéma de poésie » théorisé par le réalisateur, le film fait de la tragédie antique l’archétype d’un questionnement sur soi, qui met aussi en jeu l’énigme de l’identité créatrice. Doublement dépaysée dans le temps et dans l’espace, la pièce y est enchâssée dans une fable autobiographique qui la réinterprète à la lumière des thèses freudiennes sur le « complexe d’Œdipe ». De la cristallisation initiale à la sublimation finale, le film relate, en s’attachant à manifester cinématographiquement la subjectivité d’un auteur, un parcours initiatique dont la tragédie grecque retrace, en abyme, la préhistoire. Traitée sur un mode onirique, la pièce de Sophocle s’inscrit dans le film à la manière d’un scénario inconscient et archaïque, dans lequel symboles et silences sont aussi signifiants que les mots, les sons et les cris. À la fois autoportrait et figure légendaire, le héros tragique devient, comme dans la pièce antique, le vecteur d’une interrogation sur la condition humaine, dont la portée universelle est clairement signifiée par le syncrétisme culturel qui caractérise le choix des décors, des costumes et de la musique.
La tragédie antique se fait aussi, conformément à sa fonction originelle, l’instrument d’une mise en question du présent. La transposition de la pièce de Sophocle dans un univers « primitif » et « barbare » traduit, chez Pasolini, une nostalgie du sacré, dont l’oubli ou la négation fonde le tragique moderne. L’épilogue du film, inspiré d’Œdipe à Colone, l’infléchit vers une réflexion sur le collectif, de nature politique, qui tout à la fois rappelle l’origine de la tragédie et appelle une réflexion sur le rôle de l’homme, et plus particulièrement de l’artiste, au sein de la Cité.
Quelques ressources pour les professeurs
sur la tragédie et sur Œdipe Roi de Sophocle :
– Aristote, Poétique (trad. J. Hardy), Gallimard, « Tel », 1996.
– Nietzsche, Friedrich, La Naissance de la tragédie, Gallimard, Folio Essais, 1989.
– Sodini-Dubarry, Christine, Étude sur Sophocle, Œdipe Roi, Ellipses, « Résonances », 1994.
– Hoffmann, Georges, Œdipe Roi, Puf, « Études littéraires », 1990.
sur le film de Pasolini :
– Bernard de Courville, Florence, Œdipe Roi de Pasolini. Poétique de la mimèsis, L’Harmattan, 2012.
– Ceccatty (de), René, Pasolini, Gallimard, « Folio biographies », 2005.
– Duflot, Jean, Pasolini. Entretiens avec Pier Paolo Pasolini, Pierre Belfond, 1970.
– Revue d’esthétique, n° 3 hors-série : « Pasolini », Paris, Jean-Michel Place, 1992.
– Vontrat, Fabienne, « Œdipe Roi de Sophocle à Pasolini », http://www.la-psychanalyse-encore.fr/La_psychanalyse_encore/PSYCHANALYSE_et_CINEMA_files/oedipe-roi-de-sophocle-à-pasolini.pdf
Sur le mythe d’Œdipe :
– Lobo, Ana Lúcia, « Freud face à l’Antiquité grecque : le cas du Complexe d’Œdipe »,
http://anabases.revues.org/185
– Scherer, Jacques, Dramaturgies d’Œdipe, Puf, 1987.
– Vernant, Jean-Pierre et Vidal Naquet, Pierre, Œdipe et ses mythes, éditions Complexe, « Historiques », 2006.
– Vogin, Magali, « La fuite d’Œdipe de Corinthe à Thèbes », http://etudesromanes.revues.org/620, 2012.
Ressources visuelles
– Court extrait d’une interview de Pasolini sur Œdipe roi : www.ina.fr/video/I04154749
– Plusieurs extraits de différentes versions du mythe d’Œdipe sont visibles en ligne sur le site : http://fresques.ina.fr/en-scenes/parcours/0021/la-tragedie-grecque-et-ses-reecritures.html
B. Domaine d’étude « Lire-écrire-publier »
Œuvres
– André Gide, Journal des Faux-Monnayeurs.
– André Gide, Les Faux-Monnayeurs.
Le programme de l’enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire (arrêté du 12 juillet 2011 publié au B.O.E.N. spécial n° 8 du 13 octobre 2011) indique que le travail sur le domaine « Lire-écrire-publier » invite les élèves « à une compréhension plus complète du fait littéraire, en les rendant sensibles, à partir d’une œuvre et pour contribuer à son interprétation, à son inscription dans un ensemble de relations qui intègrent les conditions de sa production comme celles de sa réception ou de sa diffusion ». Dans cette perspective, l’étude conjointe du Journal des Faux-Monnayeurs et des Faux-Monnayeurs d’André Gide privilégiera la réflexion sur la genèse de l’œuvre, par la découverte et l’exploration du processus de création littéraire.
Loin de donner à voir les différents états du roman, à travers les manuscrits et brouillons qui en constitueraient l’avant-texte, le Journal des Faux-Monnayeurs relate et réélabore l’histoire de sa composition. Du projet initial d’écrire une suite aux Caves du Vatican à l’élaboration d’une intrigue où Lafcadio est finalement absent, ces deux cahiers décrivent la mise au point d’un projet romanesque. À la fois carnet de travail et laboratoire de création, le Journal des Faux-Monnayeurs est le témoin du dialogue constant de l’écrivain avec lui-même, dont l’œuvre est le produit. Outre des anecdotes, des documents et des notations autobiographiques qui feront – avec de nombreux passages du Journal personnel de l’écrivain – la matière première de la fiction romanesque, Gide y recueille ses réflexions sur la porosité de la littérature et de la vie, la présence ou la dilution du romancier dans son œuvre, la transparence de la fiction, ses hésitations entre le « roman pur », sans parasite, et une forme qui agrège toutes les perturbations extérieures, personnelles, morales, voire idéologiques.
Avec le « Journal d’Édouard », ces réflexions se transposent au cœur du roman, lui-même conçu comme un laboratoire de création, « un carrefour à problèmes ». Simultanément création et théorie de la création romanesque, Les Faux-Monnayeurs se compose de deux « foyers » d’intrigue qui se font écho. Aux faits relatés par les différentes voix narratives répondent les interrogations de l’écrivain sur leur traitement romanesque, dans un retour constant sur sa propre réflexion qui mène à l’abandon des pistes d’écriture tour à tour explorées. À la fois double et repoussoir de l’auteur, Édouard incarne une conception du genre romanesque comme itinéraire soumis aux aléas des expériences et des rencontres, où le travail de production importe plus que le produit fini, conception avec laquelle contraste singulièrement la composition très concertée des Faux-Monnayeurs.
La question de la genèse du roman devient ainsi le centre de gravité d’un diptyque où le livre achevé n’est plus que l’une des composantes de l’œuvre, qui intègre aussi son travail préparatoire. En attirant l’attention sur le processus créatif, le roman et son journal interrogent non seulement la place de l’écrivain face à son œuvre ou dans son œuvre mais celle du lecteur, constamment ballotté dans un emboîtement de points de vue et de commentaires souvent divergents. Cette double instance suggère différentes postures de lecture, du lecteur impliqué et piégé par l’illusion romanesque au lecteur distant portant un regard réflexif sur ce qu’il vient de lire, voire sur ses propres expériences de lecture. Dès la conception de l’œuvre, Gide prend ainsi en compte les attentes du public, pour en jouer, les déjouer et finalement les bouleverser.
Il s’agira donc bien d’envisager deux des « actes » définis par les contenus du programme que sont « La genèse : lire-écrire » et « La publication : écrire-publier », en concentrant notamment les analyses sur la tension entre la publication d’un journal de bord de la création et celle d’un roman qui interroge, avec le genre romanesque, l’écriture dans son rapport à la vie.
Quelques ressources pour les professeurs
– André Gide, Les Faux-Monnayeurs et le Journal des Faux-Monnayeurs dans Romans et récits. Œuvres lyriques et dramatiques, tome II (édition établie par Pierre Masson), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2009.
Autres écrits d’André Gide
– Journal, tome I (1887-1925), édition établie par Éric Marty, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1996 (pour les abondantes réflexions sur la genèse du roman dans les années 1921 à 1925).
– Les Caves du Vatican (1914), Paris, Gallimard, coll. « Folio ».
– Paludes (1895), Paris, Gallimard, coll. « Folio ».
Sur la genèse des Faux-Monnayeurs
– Goulet, Alain, « En remontant à la source des Faux-monnayeurs » (I et II), 2005, http://www.andre-gide.fr/.
– Hay, Louis, « Autobiographie d’une genèse » Item, 2007. Disponible sur : http://www.item.ens.fr/index.php?id=27157.
– Walker, David H., « En relisant le Journal des Faux-Monnayeurs », in André Gide et l’écriture de soi (textes réunis par Pierre Masson et Jean Claude), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002, pp.89-101.
Études critiques
– Baty-Delalande, Hélène (dir.), André Gide, Les Faux-Monnayeurs. Relectures, Paris, Université Paris Diderot et publie.net, 2012.
– Godard Henri, Le Roman modes d’emploi: « L’offensive des années 1920. Le roman comme jeu », pp. 94-113. Paris, Gallimard, « Folio essais », 2006.
– Goulet, Alain, André Gide. Les Faux-Monnayeurs, mode d’emploi, Paris, Sedes, 1995.
– Marty, Éric, L’Écriture du jour. Le Journal d’André Gide, Paris, Seuil, 1986.
– Masson, Pierre, Lire Les Faux-Monnayeurs, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, coll. « André Gide, textes et correspondance », 2012.
– Masson, Pierre, et Wittmann, Jean-Michel, Le Roman somme d’André Gide. Les Faux-Monnayeurs, Paris, Puf, coll. Cned, 2012.
Sites Internet à consulter
– http://www.andre-gide.fr (recueille notamment des articles sur la pratique gidienne du journal et du cahier).
– http://www.fondation-catherine-gide.org.
– http://www.gidiana.net.
Filmographie, discographie
– Allégret, Marc, « Avec André Gide », Panthéon-Productions, 1951, rééd. Arte Vidéo, 1996.
– Gide, André, Entretiens avec Jean Amrouche (1949), vol. 2: « Les années de maturité » (2 CD), Ina-Radio-France (1997).

Pour la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche
et par délégation,
La directrice générale de l’enseignement scolaire,
Florence Robine

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