Les Terres Australes et Antarctiques Françaises : une riche biodiversité préservée
La réserve naturelle est située dans le Sud de l’océan Indien. Elle est constituée de cinq districts : de l’île Amsterdam, de l’île St Paul, de l’archipel de Crozet, de la Terre-Adélie et de l’archipel de Kerguelen. Elles sont situées à plus de 12.000 km de la métropole, et à plus de 2 000 kilomètres de tout continent, les îles australes françaises font partie des îles les plus isolées au monde, ce qui explique leur découverte tardive en 1772. Du fait de leur éloignement des activités humaines, les TAAF ont une biodiversité bien préservée. Elles abritent un grand nombre d’espèces végétales et animales, ce qui en fait un des endroits possédant la nature la plus riche de la planète.
La préservation des Terres australes françaises date de 1995, le Comité de l’environnement polaire demande la protection des trois archipels par une réserve naturelle terrestre et marine subantarctique. Le 3 octobre 2006 est créée la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. C’est la plus grande réserve naturelle de France qui s’étend sur une partie terrestre de 700000 ha et une partie marine de 1570000 ha. Seuls quelques personnels scientifiques et techniques sont présents sur les TAAF de manière temporaire, aucun habitant permanent n’est présent sur l’île.
1- Les oiseaux et les mammifères marins
Les îles Kerguelen possèdent 34 espèces d’oiseaux marins. 3 espèces d’oiseaux sont endémiques des TAAF : l’albatros d’Amsterdam, le cormoran des Kerguelen et le canard d’Eaton. Onze espèces d’oiseaux sont classées menacées d’extinction. Sept sont classées « vulnérables », trois « en danger » et une « en danger critique d’extinction ». Il s’agit de l’endémique albatros d’Amsterdam dont la population actuelle est estimée à 180 individus.
Manchots Albatros d’Amsterdam
L’archipel Crozet comprend plus de 25 millions d’oiseaux et héberge la plus grande colonie mondiale de manchots royaux, les plages de Kerguelen accueillent la seconde population mondiale d’éléphants de mer et les eaux côtières de l’archipel abritent la seule population du dauphin de Commerson. Beaucoup de colonies d’otaries de Kerguelen et d’Amsterdam se reproduisent sur les plages de ces îles. Les eaux des terres australes françaises possèdent plus de 205 espèces de poissons marins.
2- Menaces sur la biodiversité
Cependant, plusieurs menaces pèsent toujours sur la biodiversité. Certaines viennent de l’extérieur comme le réchauffement climatique, d’autres sont d’origine locale et liées aux activités humaines. La première de ces menaces est les espèces végétales et animales qui ont été introduites et qui le sont encore aujourd’hui, tels que les rongeurs, lapins, ongulés, et félins. Mais des mesures sont mises en place afin de réduire le nombre de nouvelles introductions.
La seconde menace vient des activités humaines, elles provoquent des perturbations dans les colonies d’oiseaux, où le piétinement dégrade leur milieu. Des réglementations et des sensibilisations de l’ensemble des personnes séjournant sur les bases permettent de réduire ces perturbations.
La troisième menace vient du fonctionnement des stations permanentes qui génèrent des déchets et nécessitent une production d’énergie. Pour les déchets, la quantité va être réduite, le tri va être amélioré, et il y aura un traitement sur place. Pour l’énergie, la consommation sera réduite et les énergies renouvelables seront privilégiées.
Une quatrième menace est liée aux activités de pêche (souvent illégale) dans la partie marine de la réserve. Le prélèvement est cependant contrôlé mais pose le problème de la perte d’engins de captures comme les filets de pêches qui constituent une pollution des habitats marins et la surpêche d’un poisson vivant dans les profondeurs, la légine.
Prendre connaissance de l’impact généré devrait permettre de le réduire. Si des mesures de protection sont apportées sur des sites terrestres, elles peuvent se révéler vaines si la situation en mer de ces espèces se dégrade.
Terres australes
3- Gestion des populations d’animaux introduits
Les TAAF sont des écosystèmes très importants vu la richesse de la faune et de la flore mais qui demeurent fragiles car ceux-ci n’ont pas développé de mécanismes de défense à l’égard des espèces introduites. Les espèces allochtones (envahissantes) sont une des principales menaces qui pèsent sur cette biodiversité. Les îles subantarctiques françaises ont été victimes de nombreuses introductions. Sur l’archipel de Kerguelen, plus de 70 plantes vasculaires, 30 espèces d’insectes et plus de 12 espèces vertébrés sont aujourd’hui installées. Les autres îles australes ont eu moins d’introductions. Le fait que les terres australes aient été classées Réserve Naturelle Nationale permet à la France de tenir ses engagements internationaux en matière de protection des sites et contribuera au maintien de la diversité biologique globale de ces îles.
Des mesures visant à limiter les risques d’introduction de nouvelles espèces sont mises en place. Le lapin, le chat, le mouflon, les bovins, les rats et souris sont concernés. Certaines opérations d’éradication ont déjà été réalisées depuis la fin des années 1980 : lapins sur l’archipel de Kerguelen, rat sur l’Ile St Paul, bovins sur l’île Amsterdam. Ces opérations ont démontré les effets dévastateurs des mammifères introduits et les gestionnaires de la réserve réfléchissent à la possibilité d’éradiquer totalement certaines espèces. L’élimination des troupeaux se déroule sur plusieurs années, la viande est récupérée pour être destinée à l’alimentation des trois districts Crozet, Kerguelen et Amsterdam.
La présence française sur ces îles permet d’étudier les évolutions de l’environnement face au changement climatique de la planète et assure à la France une place prédominante dans le monde scientifique. La France peut d’ailleurs envisager l’extraction d’hydrocarbures dans les fonds des océans pour des raisons économiques, ce qui fait de ces îles un point central.
La biodiversité de ces territoires subit des changements dus aux pressions extérieures comme le réchauffement climatique mais aussi les activités humaines menées localement. Les recherches dans ces îles effectuées depuis des années ont permis d’identifier les causes de cette perte de biodiversité. Des solutions existent pour les réduire, la préservation de ce patrimoine dépend donc de l’impact de l’Homme sur la planète.
Manchots royaux sur Crozet
Sources : http://www.taaf.fr/
H.R, A.G, C.T, M.L